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reflexions/Définition Universelle de l.../08 - Implications.md

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Implications

Il est possible de formuler de nouvelles définitions, peut-être plus simples, en tout cas plus universelles elles aussi, de diverses notions. Par exemple, la folie se définit désormais comme étant laltération de Intelligence Algorithmique, et la morale comme un ensemble moyen des variables perceptives pour une situation donnée, au sein dune société donnée et à un instant donné: une variation importante de ces variables caractérisera les agissements dun individu spécifique comme étant immoraux. La morale requiert donc la Mémoire.

Cette nouvelle D.U.I. a dautres implications, probablement inattendues et sûrement perturbantes, en particulier en ce qui concerne lIntelligence Algorithmique.

Aussi terrible que cet exemple puisse être, le meurtre est perçu comme étant un choix individuel, quand il nest pas attribué à la folie (qui induirait donc une modification des règles de lIntelligence Logique), alors quil nest en réalité que lexpression immorale dune Intelligence Algorithmique. Le tueur na pas fait le « choix » de tuer: son acte était dicté par un principe qui anime tout organisme, celui de pérenniser ou améliorer son existence. Un tueur, quil soit humain ou de toute autre espèce, tue parce que cest, pour cet individu spécifique, la seule façon de pérenniser ou améliorer son existence. Cela ne justifie pas moralement son acte, pas plus que cela ne linnocente. Je crois simplement quil nest pas nécessaire de chercher une raison anthropique au meurtre (« il la tuée parce quelle le trompait »), parce quelle suggère lexistence du libre-arbitre en tant que justification de lacte, et surtout parce quelle est universelle et plus simple: il voulait pérenniser ou améliorer son existence. Cest dailleurs ce qui peut le conduire à tuer encore: ayant survécu à son acte, et ayant possiblement amélioré son existence (par élimination dun adversaire, ou simplement parce que cela lui procure du plaisir), il sera conforté dans lidée que cétait la bonne « décision », et voudra peut-être recommencer.

Le même « processus intellectuel » est à lœuvre pour dautres agissements immoraux: le viol, le détournement dargent, la fraude fiscale, le racisme, le sexisme, et tout ce que lhumain est capable dimaginer comme malveillances, même si elles ne sont pas définies comme telles par leurs auteurs. On est persuadés que ce sont là des expressions du libre-arbitre, que ce sont des « choix », alors quen réalité, cest notre Intelligence Algorithmique qui est à lœuvre, influencée, comme on la vu, par les variables perceptives spécifiques à chaque individu mais dont le jugement est soumis à leur « moyenne » au sein de la société.

Il est heureux que notre société actuelle juge de tels actes comme étant immoraux. Mais il me semble nécessaire de préciser que ma D.U.I. permet un ajustement des variables perceptives jugées acceptables au cours du temps. Par conséquent, ce qui est socialement inacceptable aujourdhui peut devenir acceptable demain, et vice-versa. En outre, puisque ce jugement dépend fortement des sociétés, il dépend de leurs dogmes, notamment religieux.

Un autre exemple dramatique est le suicide, quand il ne sert pas à pérenniser lexistence dautres organismes (cest-à-dire, quand il nest pas utilisé comme moyen défensif pour protéger ses congénères). Ses mécanismes sont encore mal compris des scientifiques. Contre-intuitivement, il reste, selon moi, une réponse à la pérennisation de lexistence : lorsque, compte tenu des variables perceptives dun individu, son Intelligence Algorithmique lui fait prendre la décision de commettre son acte, cest quil considère quil nexiste plus aucune possibilité daméliorer son existence, ou, dit autrement, que la seule façon daméliorer son existence est dy mettre fin.


Le libre-arbitre est un facteur limitant de note connaissance dû, comme souvent, à la religion, en particulier chrétienne. En effet, on doit ce concept à Augustin dHippone dans De libero arbitrio vers 388 :

Il décrit le dialogue dEvodius et dAugustin. Evodius pose le problème en des termes abrupts : « Dieu nest-il pas lauteur du mal ? ». Si le péché est lœuvre des âmes et que celles-ci sont créées par Dieu, comment Dieu nen serait-il pas, in fine, lauteur ? Augustin répond sans équivoque que « Dieu a conféré à sa créature, avec le libre arbitre, la capacité de mal agir, et par là même, la responsabilité du péché ». [@contributeurs_wikipedia_libre_2021]

Le libre-arbitre est donc une notion ancienne et profondément ancrée dans notre culture occidentale. Il ne sert finalement quà justifier ou expliquer un comportement qui nest pas moralement acceptable, alors que ce nest quun supposé substitut de notre Intelligence Algorithmique. Nous sommes actuellement la seule espèce capable de nous demander ce quest le libre-arbitre. Ni les autres Animaux, ni les Plantes, ni les Champignons, ni rien dautre de connu na conscience de la notion même de libre-arbitre. Il ny a que notre propre existence que nous avons soumise à cette question, une existence qui se trouverait singulièrement simplifiée en son absence.

Le libre-arbitre est le produit de notre intellect : nous nous sommes affranchis des règles de vie simples que sont la pérennisation ou lamélioration de notre existence, tant au niveau individuel que collectif, libérant de fait nos facultés intellectuelles pour créer des notions diverses et variées dont lintérêt est finalement limité. Le libre-arbitre est probablement la plus dangereuse de ces notions, parce quelle nous conduit à formuler ce quon croit être des choix et nous y conforte, générant un cercle vicieux de sentiment falsifié de confort personnel. On croit en ce que lon croit parce que cela nous conforte, parce que nous ne nous satisfaisons plus des procédés décisionnels naturels (notre Intelligence Algorithmique) face à des situations tout aussi artificielles. Finalement, nous justifions nos comportements les plus malsains par le libre-arbitre.

Jai indiqué plus tôt que lIntelligence Algorithmique se scindait en Intelligence Innée et Intelligence Acquise. Nous avons fait, à un moment de notre histoire, lexpérience dun « choix » différent de celui qui nous conduisait jusqualors à la pérennisation ou lamélioration de notre qualité de vie. Et nous avons découvert que ce « choix » différent pouvait être « meilleur ». Puis nous lavons intégré à notre patrimoine génétique (selon la psychologie évolutive).

Aujourdhui, nous optons quasi systématiquement pour des « choix » différents. Nous avons perdu notre discernement, celui qui devait nous conduire, statistiquement, à obtenir plus dIntelligence Innée que dIntelligence Acquise.

Je considère cela comme le problème majeur de notre espèce, parce que cela nous a conduit à supprimer les autres espèces du genre Homo[@dern_humain_2021], à inventer la religion qui a stoppé la progression de la science pendant plus de deux mille ans, les cultures les plus improbables et disruptives, léconomie et le capitalisme, les nations, et les frontières, lesclavage qui nest autre que la domestication de notre propre espèce, linégalité des genres et sociale, etc. Tout cela est à mettre sur le compte du libre-arbitre.


Nous ne devrons pas déduire que, si Kanzi ne fait pas un usage autonome de la langue des signes ou du feu avec ses congénères en dehors du cadre de lexpérience scientifique, il nest pas Intelligent. Il est récompensé dans le contexte de létude, nous avons donc modifié ses variables perceptives face à la situation de communiquer par la langue des signes. Sil ne retrouve pas une récompense dans le milieu Naturel, cest-à-dire, quelque chose qui pérennise son existence, il ne reproduira pas ce comportement. Il ne sera pas « redevenu sauvage », il ne fera simplement pas usage de ce que lon considère nous, avec nos propres variables perceptives, comme une compétence utile.

À vrai dire, cest ainsi que lon peut résumer léducation dans son sens le plus large du terme : cest modifier les variables perceptives dun individu donné afin dinduire un comportement spécifique face à une situation donnée. En cela, léducation sapparente à de la manipulation, mais dans un cas cest au bénéfice de la « société concernée » (pas nécessairement humaine), tandis que dans lautre cest au profit dun individu unique, le manipulateur.