## En bref - Fun et marrante - Humour vulgaire et gras (mais pas trop) - Intelligente et incisive _Désenchantée_, c'est tout ça à la fois ! ## Contexte Bean est une princesse pas comme les autres. Alcoolique et désinvolte, elle se retrouve embarquée dans des aventures qu'on ne peut voir que dans une série animée de Matt Groening. Si vous êtes habitué des _Simpson_ ou de _Futurama_, vous serez en terrain connu. Pour ma part, n'ayant aimé ni l'un ni l'autre, je me suis surpris à apprécier _Désenchantée_, notamment grâce au contexte médiéval et aux trois personnages principaux : Bean la princesse, Luci le démon et Elfo, la cinquième roue du carrosse. ## Critique Esthétiquement, _Désenchantée_ est irréprochable. C'est coloré et détaillé, et même pour quelqu'un qui n'a pas vu les _Simpson_ ou _Futurama_, on reconnaît aisément la parenté. Les voix principales (à l'exception de celle de Zog mais il est sans doute voulu qu'on la déteste) sont excellentes, avec une mention spéciale pour Luci, diablement bien doublé par Éric André (que l'on a pu voir dans un épisode de [_The Big Bang Theory_](/critiques/series/the-big-bang-theory/) entre autres). Le point de départ de l'histoire est le mariage arrangé de la princesse Tiabeanie, auquel elle ne consent pas puis s'enfuit avec ses deux compagnons d'aventures totalement improbables et déjantés. Je trouve que les scénaristes ont trouvé un juste équilibre entre le déroulé de l'histoire en elle-même et les différents pics adressés contre notre société moderne, et ce malgré le décalage entre les époques. Loin d'être moraliste, la série préfère la critique laconique, laissant ainsi plus de place à une histoire bien chargée en humour gras et en moments émotions. Les sujets abordés sont d'ailleurs matures, faisant de _Désenchantée_ une série pour adultes ou jeunes adultes. L'amour, la mort, l'amitié, la politique, la société, la richesse, la pauvreté, etc. La série se regarde mieux quand on a un esprit ouvert sur la critique et que l'on n'a pas peur de réfléchir. À ce qu'il me semble, c'est ce qui vaut également aux _Simpson_ leur succès tri-décennal : derrière l'enrobage de couleurs et derrière un phrasé vulgaire et populaire se cachent bien des réflexions profondes, adultes et contemporaines. Ce qui confère aussi à _Désenchantée_ une double lecture : une série passe-temps agréable, mais aussi intellectuellement intéressante, sans jamais tomber dans un extrême ou l'autre. Le contexte ne séduira évidemment pas tout le monde : j'ai moins été emballé par le _Springfield_ des _Simpson_ que par le Royaume de _Dreamland_ de _Désenchantée_, l'inverse est totalement possible. Les personnages atypiques seront également un frein à l'adoption de la série : une princesse alcoolique, un démon/chat et un elfe las d'être joyeux (plus proche du nain de jardin que de _Legolas_). Pourtant, ce trio fait toute la force de cette série, précisément parce que ce sont des _anti-héros_. En ce qui me concerne, _Désenchantée_ fait partie de mes séries préférées, et j'y reviens toujours avec plaisir à chaque fois que Netflix sort de nouveaux épisodes.